Historique du syndrome des faux souvenirs
Ce phénomène s’est développé tout d’abord aux Etats-Unis à partir des années 1980 et s’est intensifié dans les années 90. En 1992, la FMSF, (False Memory Syndrome Foundation), a été créée pour lutter contre ces thérapies de la mémoire retrouvée (TMR). Elle accueille 25000 familles. Puis la BFMS (British False Memory Society) a vu le jour en 1994, en Grande-Bretagne. Le phénomène des faux souvenirs s’est répandu dans de nombreux pays en France, au Canada, en Hollande, en Australie, en Nouvelle-Zélande … où des associations se sont créées pour le même objectif.
En France, les associations recensent actuellement quelques centaines de familles qui se sont fait connaître, mais on est en droit de supposer que beaucoup restent encore dans l’ombre, tant il est difficile de parler ouvertement de ce problème .En effet, la plupart du temps, les accusations sont portées contre le père et la mère. Le plus souvent, le père est accusé d’inceste et la mère de complicité, en l’ayant sciemment laissé faire. Dans un premier temps, les parents croient qu’ils sont les seuls à subir de telles accusations, jusqu’au jour où ils apprennent que d’autres le sont aussi, et que comme eux ils sont innocents. Mais ils découvrent en même temps l’étendue de leur impuissance pour ramener leur enfant à la raison, et mettre fin à ses accusations.
Aujourd’hui, ces pratiques thérapeutiques sont dénoncées par des scientifiques de renom, des associations professionnelles de psychiatres et de psychologues, qui vont jusqu’à les interdire à leurs membres comme en Grande-Bretagne, le Royal College of Psychiatrists.Aux États-Unis, on assiste à une diminution très importante du nombre de cas depuis 2000 (voir notre page "Recherche"). En France, le phénomène est en plein développement, mais il y a en ce moment une prise de conscience publique du problème grâce au travail des associations et de la MIVILUDES (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires), qui ont donné une impulsion.
L’évolution du phénomène aux États-Unis.
Extrait du livre de Brigitte Axelrad :« Les ravages des faux souvenirs ou la mémoire manipulée », Editions Book-e-book 2010 et du dossier complet publié par l’Observatoire Zététique le 7 Décembre 2008. Avec la permission de l’auteur.
Cette courbe représente l’évolution du nombre de cas d'accusations survenus pendant la période de 1970 à 2000, sur un échantillon de 1734 questionnaires.
On constate une croissance exponentielle des cas d'accusations après 1985, un pic brutal pendant les années 1990 à 1993, avec ensuite un reflux très marqué après 1992, jusqu'à une disparition quasi complète en 2000.
On peut corréler cette évolution du "syndrome des faux souvenirs", avec les travaux de recherche entrepris dans les Universités américaines et les publications scientifiques parues sur le sujet. Serge Brédart et Martial Van Der Linden ont relevé dans la base de données de l'American Psychological Association le nombre de publications trouvées avec le mot clé « false memories ». Elles sont représentées dans le graphique ci-contre. Le travail des équipes de recherche sur la mémoire et les souvenirs a connu un développement tout à fait remarquable.
Il faut souligner l’action déterminante d'information, de la False Memory Syndrome Foundation (FMSF), auprès des professionnels de santé, des juges et des avocats et enfin auprès des médias. Les actions en justice des familles et des patients, les lourdes condamnations financières ont finalement convaincu les thérapeutes que la pratique de la "thérapie de la mémoire retrouvée" était vraiment devenue trop dangereuse pour leurs finances...
Le résultat est atteint, le phénomène des faux souvenirs est en voie de disparition aux États-Unis, ce qui n'est pas encore le cas en France, bien au contraire.