Faux souvenirs induits en psychothérapie et fausse mémoire

Les thérapeutes
Dernière mise à jour le 28 oct.2013




Qui sont-ils et quels sont leurs titres et leur formation


Les données générales


Les chiffres que nous indiquons ci-après sont issus des travaux de la MIVILUDES, donnés lors de la conférence sur les faux souvenirs induits à Viuz-en-Sallaz le 29 mai 2009, et lors du Colloque National du GEMPPI à Marseille le 3 octobre 2009.
Le domaine des psychothérapies est encore mal cerné en France.

Il existe 50.000 psychothérapeutes connus, exerçant majoritairement en secteur libéral, dont une partie venant des professions de santé : médecins, psychiatres, infirmières, kinésithérapeutes… et le reste de provenances diverses, ne présentant pas toutes les garanties de professionnalisme et de qualité. l'INSEE recense 30.000 psychothérapeutes, la FF2P en dénombre 15.000.

Le nombre total de thérapeutes de toutes catégories est de l'ordre de 90 à 100.000 en France. Si on considère que chaque thérapeute traite en moyenne 50 patients par an, on retrouve bien le chiffre avancé par les organismes d'évaluation de 4 à 5 millions de clients des psychothérapies.

La répartition donnée par la Miviludes en 2009 en serait le suivante:
- 20% sont médecins ou psychiatres
- 20% sont psychologues au niveau Master+2
- 20% sont psychanalystes.
- Le reste, soit 40%, se dénomme psychothérapeutes. Ils ont une formation hétéroclite (instituts privés, autodidactes, autoproclamés).

- On compte 4 à 5 millions de clients de la psychothérapie, soit 12 millions de personnes concernées (famille, conjoints, enfants).
- On ne dénombre pas moins de 700 organismes de formation en psychologie et aucun contrôle n'est exercé sur les formations dispensées.

Nous donnons ci-dessous les pré-requis pour exercer et des chiffres répartis par catégorie.
Lire aussi l'article de l'Express : Psychologue, psychiatre... qui fait quoi? Petit guide pour s'y retrouver parmi les professionnels du remue-méninges! publié le 13 juillet 2011.


Les catégories de psys

"Une formation majoritairement psychanalytique"


Le psychologue

Les psychologues ont suivi une formation universitaire en psychologie. Ils ont étudié les grandes lois qui régissent le comportement humain (développement de l'enfant, études des relations individuelles avec le système nerveux, etc.). Comme le dit Christophe André, psychiatre à l'hôpital Sainte-Anne à Paris , dans un débat avec Simon-Daniel Kipman (Le Figaro, 24 octobre 2005) : « Hélas, dans les facs de psycho, les étudiants sont majoritairement formés sur une base quasi exclusive de références psychanalytiques. Ils ne sont que très peu au fait des avancées de la neuro-anatomie, de la neurobiologie,de la génétique et de la pharmacologie, très peu ouverts aux thérapies autres qu'analytiques…»
On dénombre 40.000 psychologues en France.

Le psychiatre

Les psychiatres sont des médecins titulaires d'une spécialisation en psychiatrie. Ils sont les seuls à pouvoir prescrire des médicaments.
On dénombre 14.000 psychiatres en France dont 9500 psychiatres-psychanalystes.
Edouard Zarifian (psychiatre), dans on livre Les jardiniers de la folie, explique :

"dans les années 60 pour l'apprenti psychiatre - on se faisait psychanalyser, ou on passait pour un imbécile
[...]Pour interpréter l’inconscient il faut se faire analyser par un psychanalyste. Pour devenir psychanalyste il faut se faire analyser par un psychanalyste qui lui-même etc…

[…] Seul Moon a fait mieux dans le genre. Devenu psychanalyste, on jouissait d’un statut social valorisé par les médias."

[...] " les années passèrent [... ] les jeunes psychiatres ont été secrètement déçus de constater que les promesses de miracles n’étaient pas tenues. Non la psychanalyse n’était pas toute puissante, elle ne guérissait pas la schizophrénie ou l’autisme infantile.."


Note 1 : En 2012 à l’occasion de l’année de l’autisme plusieurs centaines de milliers de familles d’autistes dénoncent au grand jour les pratiques psychanalytiques scandaleuses de certains Psychiatres, Pédopsychiatres, Chefs de services des Hôpitaux dont elles sont victimes depuis les années 70. La mise au jour de ce scandale démontre qu'à ce jour en France nombre de psychiatres épousent encore des théories psychanalytiques.
Note 2 : Lors de la réglementation du titre de psychothérapeute, en 2010, des psychiatres disposant pourtant d’office de ce titre s’opposent à l’instauration de ce titre.

Le psychanalyste

Contrairement aux deux précédentes, la formation des psychanalystes ne se fait pas à l'Université, il n'y a pas de diplôme *. Il faut simplement remplir trois conditions :
- avoir soi-même été analysé, avoir été formé à la théorie analytique (freudienne, lacanienne, reichienne, jungienne...)
- l'inscription dans une association psychanalytique,
- être supervisé au début de sa pratique par un "contrôleur", lui-même psychanalyste.
Il s'agit donc d'une cooptation. Leurs honoraires ne sont jamais pris en charge. Mais les psychanalystes qui sont aussi psychiatres peuvent délivrer des feuilles de soin permettant le remboursement d’une partie des séances.
On dénombre 6.000 psychanalystes en France dont 3000 psychanalystes d'obédience lacanienne.

* Note : Jacques-Alain Miller, psychanalyste lacanien, dans le Prologue de Guitrancourt a dit le 15 août 1988 en Belgique :
"Nulle part au monde il n’y a de diplôme de psychanalyste. Et non pas par hasard, ou par inadvertance, mais pour des raisons qui tiennent à l’essence de ce qu’est la psychanalyse. On ne voit pas ce que serait l’épreuve de capacité qui déciderait du psychanalyste, alors que l’exercice de la psychanalyse est d’ordre privé, réservé à la confidence que fait le patient à un analyste du plus intime de sa cogitation."

Le psychothérapeute

Le vocable psychothérapeute regroupe un grand nombre de pratiques diverses. Certains psychothérapeutes sont formés au sein d’écoles privées dans des techniques de toutes sortes : régression, bioénergie, gestalt-thérapie... Mais n’importe qui pouvait se proclamer "psychothérapeute". Leurs séances ne sont remboursées que s’ils sont également médecins.
La loi vient d’encadrer la formation nécessaire pour pouvoir revendiquer le titre de psychothérapeute.
On dénombre 10.000 psychothérapeutes en France.

Les thérapeutes et autres dénominations

Vous trouverez, enfin, une kyrielle de dénominations plus ou moins fantaisistes qui recouvrent des pratiques variées. La formation de ces "psy" est hétéroclite, elle est souvent délivrée par l'un des 700 organismes privés. Mais un point commun semble réunir toutes ces formations : la référence à l'inconscient et aux traumatismes de l'enfance pour expliquer les troubles à l'âge adulte. Des méthodes de "régression" sont souvent utilisées pour retrouver les souvenirs "enfouis".
Citons quelques noms: Humanothérapeute, Somatothérapeute, Hypnothérapeute, Praticien EMDR-IMO, Magnéto-thérapeute, Sophro-analyste, Thérapeute karmique, Sophrologue, Fasciathérapeute, Psychogénéalogiste, Gestalt-thérapeute, Etiopathe, Aromathérapeute, Art-thérapeute, Energéticien(ne), Bioénergéticien(ne), Scénarthérapeute, Rebirth, Reiki, Atlasthérapeute, Praticien(ne) feng shui... et il en apparaît tous les jours.
Le nombre de thérapeutes, sous diverses dénominations et de formation diverses est généralement estimé entre 20 et 30.000 en France. Certains d'entre eux exercent sans titre universitaire et sans plaque. Il se font payer en liquide, et n'ont pas l'ambition de demander le titre de psychothérapeute institué par le décret de 2010.




L'encadrement du titre de psychothérapeute


legifrance small

L'encadrement du titre de psychothérapeute prévu par la loi s'est heurté à un lobbying très efficace, notamment celui des psychanalystes, qui refusent qu'un niveau minimum de formation universitaire soit requis pour exercer la profession. La loi du 9 Août 2004 qui réglemente la profession de psychothérapeute a enfin son décret d'application, publié le 20 mai 2010.
Pour plus de détails vous pouvez lire l'ANNEXE ci-dessous:
Loi encadrant le titre de psychothérapeute et le décret d'application.

- Les méthodes thérapeutiques sont si nombreuses (de 400 à 500) que le patient a bien du mal à s'y retrouver. Vous trouverez dans notre page les éléments essentiels pour un choix: ...ici
- La formation des psychothérapeutes est peu scientifique, elle est faite "sur une base quasi exclusive de références psychanalytiques" comme l'indique le psychiatre Christophe André. Lire notre page sur ce sujet: ...ici
- Choisir son "psy" est donc une attitude responsable, nous donnons quelques conseils à cet égard dans notre page: ...ici




ANNEXE: L'attribution du titre de psychothérapeute


- La loi du 9 Août 2004 qui réglemente la profession de psychothérapeute a enfin son décret d'application, publié le 20 mai 2010.
Un peu d'histoire... Monsieur Bernard Accoyer, médecin et député, a proposé en octobre 2003 à l’Assemblée Nationale un amendement qu’il justifiait en ces termes :

"Des personnes, insuffisamment qualifiées ou non qualifiées, se proclament elles-mêmes « psychothérapeutes ». Elles peuvent faire courir de graves dangers à des patients qui, par définition, sont vulnérables et risquent de voir leur détresse ou leur pathologie aggravée. Elles connaissent parfois des dérives graves. (…) Cette situation constitue un danger réel pour la santé mentale des patients et relève de la santé publique. Il est donc indispensable que les patients puissent être clairement informés sur la compétence et le sérieux de ceux à qui ils se confient. Il convient donc de considérer les psychothérapies comme un véritable traitement. A ce titre, leur prescription et leurs conduites doivent être réservées à des professionnels détenteurs de diplômes universitaires, attestant d’une formation institutionnelle, garantie d’une compétence théorique, pouvant être doublée d’une expérience pratique".

Ce texte se heurta à des oppositions farouches, notamment du puissant lobby des psychanalystes. Cette "guerre des psy" retarda de plus de 6 ans la publication des décrets d'application de la loi du 9 août 2004 destinée à règlementer la profession de psychothérapeute.
Le décret vient enfin d'être publié (20 mai 2010), mais le texte de Bernard Accoyer a été partiellement vidé de sa substance et les psychanalystes auront le droit de revendiquer le titre de psychothérapeutes en étant dispensés partiellement de la formation et du stage pratique prévu.
Le texte du décret prévoit en outre que les formations peuvent avoir lieu en dehors du cadre universitaire et cela ouvre la voie à des instituts privés de formation dont la compétence et le sérieux seront difficiles à évaluer.
lire le décret d'application.
Il est dommage que les victimes des thérapeutes déviants ne soient pas mieux protégées.

Vous pourrez aussi lire sur ce sujet les articles très complets du Professeur Esteve Freixa i Baqué** dans la revue Science... et Pseudosciences :
- L’usage du titre de psychothérapeute au Journal Officiel : la protection des patients, la grande oubliée (SPS N° 291 juillet 2010) ...ici
- Le pouvoir (pas le moins du monde occulte) des psychanalystes (SPS N° 293 décembre 2010) ...ici
** Esteve Freixa i Baqué est professeur d’épistémologie et de sciences du comportement à l’Université de Picardie.

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